Décollage en parapente
Quelques mots et captures vidéos concernant la phase d’envol. Nous avons filmé des décollages en parapente monoplace (à ne pas confondre avec le biplace ou tandem), l’occasion de vous proposer quelques conseils, réflexions et débriefing…
Décomposition du décollage
Au fil des années de pratique, le décollage se fait de manière de plus en plus sensorielle, au feeling. Il est néanmoins possible de décomposer celui-ci notamment pour permettre aux débutants, élèves d’y voir plus clair et aux pilotes plus aguerris de s’améliorer.
Les éléments ci-dessous sont bien sûr abordés en stage dans note école de manière formelle, informelle, exhaustive ou pas selon les situations et niveaux de progression (stage init, perf etc...). Le maître mot étant de s’adapter aux situations et aux élèves ! Il s’agit d’une description linéaire, tout cela se fait progressivement, naturellement. Des exercices, explications, supports pédagogiques permettent d’accompagner le jeune pilote dans sa progression. Inutile d’avoir une fiche et de tout mémoriser au millimètre mais il peut être utile de faire un déroulé étapes par étapes. Ne pas hésiter non plus à consulter le carnet de progression de la FFVL/EFVL qui vous est fourni durant les stages dans notre école.
Apte à voler ?
La première étape du décollage commence dans sa tête afin de déterminer si l’on est en état de voler, si l’on est en bonne forme physique (mal de tête, fatigue, contre indication etc...) et psychologique (stress, concentration, sérénité etc.…). Toute une série d’indicateurs, de clignotants qui doivent nous donner le feu vert pour le vol.
Choix du site de vol
Le parapente est probablement un des aéronefs les plus sensibles aux conditions aérologiques, cela lui confère en contre partie une grande agilité.
Conditions volables ou pas?
D’où l’importance de bien choisir son site d’envol en fonction des conditions aérologiques, météorologiques, réglementaires et de son expérience. Les pilotes experts feront ces choix en fonction des objectifs de performances de la journée ( plafond thermique, emmagramme, inversion thermique, flux du vent météo, axe de transitions etc.…).
Installation sur le décollage
Il est urgent d’analyser et de prendre son temps, de ne pas se presser ! Le choix de son emplacement sur un déco est important et conditionne la réussite de celui-ci. L’emplacement optimal dépend du vent, de la fréquentation, de son aile et même de ses compétences techniques.
Ouverture de la voile, démêlage et préparation
Avoir bien plié sa voile lors du dernier vol, permet de retrouver une voile plus facile à démêler ! Prenez votre temps pour préparer votre voile. Installation dans la sellette et les vérifications de sécurité sont essentielles. Pré gonflage possible à privilégier. Le parachute de secours est-il bien accroché ? Les attaches sont-elles ok ? Les réglages de la sellette permettront-ils de s’asseoir facilement ? Et les lacets ;-) ?etc...
Gestion du stress au décollage
Voler n’est pas encore, même pour les meilleurs pilotes, quelques choses d’entièrement naturel. Pour le dire autrement, nous ne sommes pas des oiseaux. Il y a donc toujours un peu de stress avant l’envol. C’est normal et souhaitable. Cela permet de se concentrer, d’être précis et réactif pour peu que ce stress soit canalisé. Il y a également souvent du monde sur un décollage avec une certaine pression possible dû au regard des autres.
Si la tension monte un peu trop, pensez à respirer calmement et profondément. Si vous êtes là, c’est normalement que vous en avez le niveau technique. N’oubliez jamais que renoncez est toujours une option et que ce n’est jamais définitif, ni un échec.
Quelques captures vidéos et ralentis au Puy de Dôme et à Job-Ambert avec commentaires
Merci au passage aux super élèves sur les vidéos, la critique même constructive est toujours plus facile que l’action ! Profiter de l'expérience des autres, retex = retour d'expérience. Prendre le temps de regarder tout ce qui vole (oiseux, avions, deltaplane, ulm etc...), avide de comprendre et d'admirer ! Toujours rester humble...
Choisir son moment de départ
Il faut gonfler sa voile au moment opportun : espace aérien dégagé, vent optimal sur la zone de décollage. Les pilotes en quête de performance analyseront les cycles thermiques pour pouvoir profiter au mieux des ascendances.
Transformer un "bout de tissu" en un bel aéronef solide et secure
Quelque pas, une petite course pour gonfler sa voile et la rendre prête à l’envol, à la sustentation. Il est souvent inutile de partir comme une brute. Pressé de se retrouver en l’air rapidement, les pilotes débutants ont parfois tendance à y aller trop fort au niveau de l’impulsion initiale, cela génère des risques de mauvais contrôle de l’aile sur les axes de tangage (risque de se faire dépasser par la voile), de roulis et lacet (risque de ne pas partir droit et donc de s’approcher des obstacles qui entourent l’axe de décollage). Il faut être souple ne pas se cramponner aux élévateurs et s’adapter aux conditions topographiques (pente raide ou pas, régulière ou pas, texture, accroche), aérologiques (vent léger, modéré ou fort) et aux particularités techniques de sa voile (tendance à monter vite, à dépasser, point dur, stable etc.). Autant d’éléments que vous aurez pratiqué et validé en formation notamment sur nos belles pentes écoles auvergnates. Le moniteur étant là pour vous conseiller, vous assister (le moins possible pour plus d’autonomie), vous accompagner aussi bien durant l’envol grâce à la voix qu’avant durant la préparation. Idéalement de manière interrogative afin que vous trouviez vous-même les réponses à ces aspects. Moniteur de parapente, un métier à responsabilité tout en finesse et subtilité !
Gonflage face ou dos voile
Les conditions de vent et aérologiques vous demanderont de faire un choix : avec beaucoup de vent, un gonflage face voile vous permettra de mieux résister à la traction de la voile. Autre avantage du face voile, le contrôle visuel du cône de suspentage et de la voile est beaucoup plus précis.
Il nous arrive de décoller face voile même sans vent justement pour mieux contrôler notre voile.
Attention au sens de retournement afin de ne pas se retrouver twisté dans le mauvais sens.
Contrôle visuel
L’idéal étant de pouvoir faire un beau et large contrôle visuel de sa voile. Pas toujours évident lors des premiers vols en école où le moniteur vérifie cela pour vous. Nous prenons néanmoins de bons réflexes en insérant dès le début de l’apprentissage cette vérification visuelle. On sait l’importance des apprentissages initiaux notamment dans la gestion des situations complexes avec les comportements de « retour aux fondamentaux ».
L’importance du démêlage et d’un éventuel pré-gonflage prend également ici toute son importance.
Décider et confirmer son envol
Le parapente n’est pas du parachutisme, ni du base jump ! Contrairement à l’imaginaire répandu, on ne saute pas d’une falaise ou d’un avion et c’est très rassurant ainsi. Impossible de faire marche arrière et remonter dans l’avion en parachutisme. En parapente on peut dire que, d’une certaine manière et jusqu’à une certaine limite, si !
Il est possible durant la phase d’envol d’interrompre le décollage. Sans rentrer dans des explications autrement aéronautiques avec des VR, V1, V2 etc., il faut noter que c’est une option qui nous garantit beaucoup de sécurité. Un décollage interrompu n’est pas un échec ! Il vaut mieux, en principe, s’y reprendre à plusieurs fois et faire un beau décollage, que de partir limite en comptant sur la chance. Votre formation en école de parapente vous proposera des conseils et explications à ce sujet.
Accélération progressive pour atteindre la vitesse air de prise en charge
L’aile est maintenant bien en place au dessus de vous. Il faut donner de la vitesse au parapente pour que celui-ci vous porte. Sans vent, il faut courir vite, cela est assez facile grâce à la pente, qui entraîne, et à la voile qui soutient.
Avec du vent, le décollage peut être instantané, quasiment sur place. La qualité de l’accélération peut se juger à la stabilité de l’aile lors des premières secondes de vol notamment sur l’axe de tangage (d’avant en arrière).
Si le pilote s’arrête de courir trop tôt ou ne court pas assez vite la voile va piquer vers l’avant et plonger pour prendre de la vitesse indispensable au vol, avec une risque de faible incidence et de mini ou grosse frontale.
A l’inverse une accélération brutale, de « bourrin », aura tendance à faire cabrer la voile et la mettre au grand angle avec une petite ou grosse abattée en sortie de décollage.
Sans compter sur l’aspect aérologique des choses, un beau décollage, académique, voit le parapente et son pilote quitter le sol comme sur un rail sans cabrer ni piquer, sans marsouiner avec un cap à peu prés perpendiculaire au relief.
Premiers instants de vol
Les pilotes de performance suffisamment à l’aise seront déjà à ce moment dans la recherche d’ascendances, affamés de gains d’altitude. Monter vite pour aller loin !
A en voir certains, parfois anciens élèves de Flying Puy de Dome ,on se demande même si une mutation génétique n’est pas en cours entre les humains et les oiseaux. Sublime de voir des pilotes profiter de la première petite bulle « pet de mouche » et monter au plafond rapidement avec aisance !
Les pilotes plus débutant prendront le temps avant toute chose de gagner de la hauteur sol et s’éloigner du relief car la hauteur en parapente c’est de la sécurité, du temps pour analyser et agir si besoin.
Il faut alors vérifier que la voile vole normalement, bien droit à un vitesse normale (sentir et écouter le vent sur son visage...comme dirait Alain Corbin le grand historien des sens). Au besoin s’installer un peu plus confortablement sans oublier sa trajectoire et le contrôle de la machine….
En route vers le bonheur
S’ouvre alors un moment de plaisir et de bonheur où les champions fileront de nuages en nuages et où les débutants se baladeront tranquillement quelques minutes, demi-heure avant de gérer le retour au sol, l’approche et l’atterrissage. Approche et atterrissage...sûrement l’occasion d’un futur article de blog...