Deltaplane dans le massif central
Le ciel d’Auvergne dans des temps maintenant quasi préhistoriques était peuplé de deltas avant que les parapentes n’occupent à leur tour les airs. Comment et pourquoi une « espèce » volante a quasiment remplacée une autre ?
Le Puy de Dôme haut lieu du vol libre Français et du Deltaplane.
Le géant d’Auvergne fut un des lieux de prédilection des pionniers du deltaplane en France. Décollage à 360° dégagé de tout obstacle et de belles surfaces d’herbe grasse incitant les vélivoles de l’époque à choisir notre site qui reste encore aujourd’hui l’un des plus beaux de France. Une plaque commémorative au sommet, visible sur cette page, indique que Bernard Danis et François Guinard décolèrent les premiers du site en 1972, suivi par Andrée Bayle un an plus tard. Le parapente n’apparaîtra qu’à la fin des années 70, pour vraiment prend son envol à la fin des années 80.
Atouts et désavantages du delta par rapport au parapente
Des supers performances de planés pour les meilleurs deltas
Le deltaplane vole potentiellement plus vite que le parapente et peut donc contrer plus facilement le vent fort. Il peut à fortiori voler plus souvent. C’est également une contrainte car le retour au sol peut être plus...rapide et technique. Certains deltistes utilisent d’ailleurs un petit parachute pour ralentir, stabiliser leurs machines et rendre l’angle de descente moins plat.
La position allongée du deltiste donne l’impression d’être comme superman dans les airs. On épouse la masse d’air que l’on ressent directement.
Les deltaplanes les plus performants planent mieux en termes de finesse (capacité à aller loin depuis une hauteur donnée).
Le pilotage est par contre plus technique en deltaplane, car celui ci ne dispose pas de la stabilité pendulaire de quasi tous les parapentes, du moins en situation de vol classique. Pour le dire autrement le parapente vol tout seul en air calme. En lâchant les commandes, le parapente continu de voler tout droit. Sous un deltaplane il faut utiliser le trapèze triangulaire qui entoure le pilote : tirer pour accélérer, pousser pour ralentir et transférer son poids, d’un côté ou de l’autre, pour tourner. Tout ceci avec justesse et finesse comme en parapente d’ailleurs.
Facilité de transport et de mises en œuvre avantage au voilures souples
L’énorme avantage du parapente réside sûrement aussi dans son faible poids et encombrement. Il se porte facilement à dos d’homme même pour les plus volumineux. Sans parler des voiles mono surface ultra légère qui pèsent moins de deux kilos, harnais léger compris. Cet avantage, et relative facilité d’emploi, est probablement la raison pour laquelle le ciel d’Auvergne est plus souvent parsemé, de nos jours, de voile que de rigides.Le delta a-t-il dit son dernier mot ?
Certains pilotes en recherche de performance, avides de longues distances, basculent de temps en temps vers le delta.
A noter que les deltaplanes ont énormément évolué depuis leurs débuts. De la simple surface sans hauban, machine vraiment dangereuse (par exemple la fameuse Manta https://www.delta-club-82.com/bible/308-deltaplane-manta.htm) qui partait en piqué sans retour possible, aux ailes rigides actuelles, véritables petits planeurs, il y a eu toute une série d’évolutions. Des câbles (visibles sur la vidéo présente sur cette page) sont venus retenir l’arrière de l’aile delta pour une bien meilleure stabilité (fonction anti piqué). Les ailes triangulaires ont ensuite gagné en profilage grâce aux doubles surfaces et à la suppression du mat de haubanage, la câblerie rentrant dans l’aile.
Les parapentes ont également énormément évolué depuis les premiers vols où l’on se servait de machine du type aile de saut. Les performances, en termes de plané, permettent aujourd’hui aux meilleurs pilotes de réaliser des vols de plusieurs centaines de kilomètres. La sécurité des voiles notamment en situation turbulente est aujourd’hui très aboutie.
Quelques photos réalisées lors de vols itinérants dans les Alpes du sud
Secteur de Guordon (Alpes Maritimes), deltas avec et sans mat ainsi qu'un rigide Swift :
Un apprentissage plus simple et rapide en parapente
Le parapente, grâce à sa faible vitesse au décollage, à l’atterrissage et à sa stabilité pendulaire permet un apprentissage plus rapide, plus simple. Ce qui ne veut pas dire que cela ne doit pas se faire dans le cadre d’une école professionnelle remplissant toutes les garanties requises (moniteurs diplômés, matériel homologué, agréments FFVL etc...). Il est, par exemple, possible de faire plusieurs « grand vol » en solo depuis le sommet du Puy de Dôme lors d’un stage d’initiation, sous réserve d’une météo propice et d’une progression individuelle classique.
Voler seul en delta demande plus de temps, la machine étant plus pointue à piloter. Dans les deux pratiques il faudra toujours de long mois de pratique avant de vraiment être complètement autonome dans le ciel et surtout garder toujours de belles marges de sécurité ainsi que beaucoup de modestie dans sa pratique.
Au final les deux pratiques se ressemblent et sont d’ailleurs gérées par la même fédération sportive à laquelle nous sommes affiliés : infos sur le delta à la FFVL ici https://delta.ffvl.fr/ Le pilote reste toujours tout petit dans le ciel et devra continuellement prendre le temps d’observer tranquillement les conditions météorologiques et aérologiques. Se connaître et ne pas dépasser ses capacités pour voler toute une vie, toujours plus haut au dessus de nos beaux volcans d’Auvergne !